18 juin 2008

Salade d'oranges

Plat à décor d'oranges, Maniès, milieu du XVe siècle, Bleu de cobalt et lustre métallique monochrome sur glaçure blanche, 
H. 6,5 cm - diam. 47,5 cm

Lors d'une visite-éclair à la Dame à la licorne, au Musée du Moyen-Âge, je suis saisie par la beauté de ce plat à décor d'oranges du XVe siècle. Il fait partie d'une belle exposition temporaire : Reflets d'or. D'Orient en Occident, la céramique lustrée, IXe-XVe siècle.

Ce large plat présente, sur l'avers, un décor virtuose, production des ateliers du Levant espagnol. Sur cinq registres, on retrouve le même motif respectivement une, cinq, dix, quinze et vingt fois. Il est constitué d'un point bleu central autour duquel se développent quatorze  lancettes de lustre sur fond blanc, l'ensemble étant entouré d'un disque bleu. Les motifs sont reliés deux à deux par des cercles emboîtés, bleus sur fond de pigments métalliques, soulignés d'une double croix bleue. Les écoinçons sont occupés par des feuilles trilobées de pigments métalliques, rappelant la feuille du persil.  Au revers, le décor est beaucoup plus simple et consiste en une large spirale.
En découvrant ce bel objet, j'ai tout de suite pensé au travail de Beatriz Garrigo !
En sortant du Musée, je savoure des yeux les massifs de roses trémières géantes qui s'élancent entres les vieux pavés de la cour de l'Hôtel de Cluny.





17 juin 2008

TAO

"(...) 
 Quand mes yeux, vers ce chat que j'aime,
Tirés comme par un aimant,
Se retournent docilement,
Et que je regarde en moi-même,

Je vois avec étonnement,
Le feu de ses prunelles pâles,
Clairs fanaux, vivantes opales,
Qui me contemplent fixement."

Charles Baudelaire, Les fleurs du mal.



16 juin 2008

Sakountala



Des corps sculptés de sa main émane une sensibilité puissante 
et les bras recourbés dessinent des mouvements d'une grâce infinie.
Les oeuvres que donne à voir cette exposition sont très émouvantes.
J'ai un faible pour Sakountala qui s'abandonne dans les bras de son époux agenouillé.
L'oeuvre s'inspire d'une légende hindoue qui raconte les amours contrariées d'un prince et d'une simple jeune-fille. Lors de sa réalisation en marbre, elle changera de titre pour devenir Vertumne et Pomone en référence à Ovide. Vertumne, dieu étrusque puis romain des jardins et des vergers se fait aimer de la nymphe Pomone.

"Mon cher Geffroy,
Il est inutile de vous dire que depuis l'autre jour je suis encore en train de tousser et d'éternuer tout en polissant avec rage le groupe destructeur de ma tranquillité : c'est avec des yeux larmoyants et des rauquements convulsifs que je termine les cheveux de Vertumne et Pomone. Espérons malgré les différents accidents, qu'ils seront terminés d'une façon logique et comme il faut qui convient à des amoureux parfaits. Dieu merci, j'en ai assez de souffler sur la sculpture en attendant les billets de mille françs qui se font de plus en plus réfractaires."

Extrait de lettre de Camille Claudel à Gustave Geffroy, Paris 4 avril 1905 ; un journaliste, critique d'art et romancier. 
Il fut un des rares à reconnaître le talent de Camille et lui consacra des articles élogieux.