26 juillet 2011

Freud

18 juillet 2011
Île-aux-moines, Chapelle du Guerric, basse mer à 15h41, marée de 86/83,
Exposition de Cécile Donato Soupama, 4e jour

Aujourd'hui une belle lumière changeante, alternance de grisaille ouatée et de rais de soleil fulgurants, et puis soudain la pluie !
Les toiles me deviennent familières, je commence à les voir comme des êtres à part entière que je retrouve chaque jour pour quelques heures d'intimité.

Marée basse dans l'anse du Guerric : les mêmes tons terre de sienne, canelle, et gris bleuté que dans Freud.
Un petit garçon couleur chocolat au lait s'est adossé sur le mur blanc, il me sourit timidement.
Le contraste de sa peau sur celle de la chapelle est saisissant de force et de beauté.
Il se hausse sur la pointe des pieds devant Freud :
"regarde madame, il y a une sirène là dans l'eau du tableau !"

Freud. 100x80 cm © Cécile Donato Soupama

Un monsieur en ciré jaune perlé de pluie reste longtemps sur le seuil de la chapelle, tourne, va et vient et s'arrête finalement devant Freud :
"celui-là est un peu à part, il a quelque chose de ..."
La sonnerie de son téléphone portable rompt soudain le charme, il sort rapidement.
Je me demande si, une fois la peinture achevée, l'intention qui l'a motivée s'y trouve incarnée :
Serait-ce là ce "quelque chose" dont parlait l'homme au ciré jaune ?

J'éprouve dans la contemplation de ces oeuvres l'effort et l'émotion du geste de Cécile, d'une façon très concrète, palpable, charnelle. Ses noirs m'émeuvent particulièrement, l'élan de ses noirs et les larmes qu'ils projettent devant eux, comme dans le majestueux diptyque Nero



-"C'est très noir tout de même" dit une dame, l'air contrarié
-"quelle belle profondeur dans ces noirs" dit une autre...

La fin d'après-midi voit le ciel s'éclaircir légèrement, je sors pour contempler la chapelle d'un peu plus loin : changer de point de vue, ... si important pour vivifier le regard !

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